Aller au contenu

Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VI.djvu/414

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
404
LE GERME ET L’ÉPANOUISSEMENT

d’une manière confuse. Cette première réalité, c’est la réalité de toute chose qui peut s’engendrer et périr, mais après qu’on a ôté de cette chose ce qui la complète ; c’est donc une réalité incomplète, germe d une chose complète.

» J’imagine, en second lieu, qu’à cette première réalité survienne une mise en acte, quelque chose qui soit le complément d’une nature déterminée d’une manière actuelle. Cette mise en acte, ce complément, n’est pas une réalité précise en elle-même, qui, en sa propre nature (ratio), soit une nature déterminée d’une manière actuelle ; elle est seulement le complément d’une nature actuellement déterminée.

» Partant, de même que la première réalité était une nature incomplète et tronquée, parce que simple germe d’une nature déterminée, complète et en acte ; de même, cette réalité-ci est tronquée et incomplète, parce qu’elle est seulement le complément d’une nature déterminée et complète ; car elle est une mise en acte de cette autre réalité que nous nommions un germe.

» En troisième lieu, j’imagine le composé du germe et de son complément. Ce composé est une chose (res), une nature achevée, déterminée, en acte complet ; les deux autres ne sont, de cette chose, que des réalités imprécises, l’une à titre de germe, 1 autre à titre d’achèvement.

» De cette manière, on imagine aisément comment il y a des réalités qui ne sont pas, en elles-mêmes, des natures déterminées d’une manière actuelle.

» Mais observons bien que le germe (inchoativum) d’une chose (res) n’est pas une chose (res) déterminée d’une manière actuelle ; seule est déterminée d unemanière actuelle la chose dont on dit qu’il est le germe d’une manière confuse et en puissance.

» Remarquons de même que le complément d’une chose n’est pas une chose (res) et une nature en acte. Due nature (natura) ne saurait être, en effet, ni le germe ni le complément d une autre nature ; par le fait même qu’elles sont deux natures distinctes, chacune d’elles demeure, sans l’autre, dans l’ordre qui est le sien et dans sa nature propre. Le complément d’une chose n’est donc pas, par soi-même, une nature déterminée d’une manière actuelle, mais une réalité tronquée. Il n’a relation à ce qui est nature en avons appelée germe, ces deux réalités intègrent une nature simple eu acte. Et cela ne serait pas si chacune d’elles ou seulement l’une d’elles exprimait une nature déjà déterminée d’une manière actuelle. »