ou un homme si on lui ôtait sa figure naturelle pour lui donner celle d’une boule…
» Cette substance du corps céleste ne s’assigne pas à elle-même, par sa propre nature, une grandeur déterminée… Elle ne détermine pas par elle-même si elle aura une durée éternelle ou bien telle ou telle durée périodique. La nature, en effet, ne fait rien d’oiseux, rien qui ne tende à une fin ; il est donc manifeste que cette substance qui n’a, [par elle-même], ni mouvement ni opération d’aucune sorte, n’a non plus, par elle-même, aucune raison qui la fasse subsister soit éternellement soit pendant tant de temps…
» En outre, on ne saurait concevoir qu’une telle substance fût posée dans la nature comme une chose qui y existe par elle-même et isolément ; en effet, tout corps qui existe en la nature doit nécessairement avoir un mouvement, une figure, une grandeur qui lui soient propres, et toutes sortes d’autres dispositions naturelles. Or, si l’on concevait la substance corporelle de l’orbe comme posée par elle-même et isolément, elle n’aurait, nous venons de le prouver, ni mouvement propre, ni figure, ni aucune des sus-dites dispositions.
» Il est donc impossible de concevoir qu’une telle substance demeure par elle-même et isolément dans la nature. Il faut qu’elle soit toujours conjointe à un autre principe qui lui lasse largesse de tout ce que nous avons énuméré, et qui lui assigne une figure déterminée, un mouvement propre, une grandeur convenable.
» Comme cette substance est en acte, on ne saurait supposer qu’elle est une matière première ; elle est seulement un support (subjectum). D’autre part, comme elle ne se détermine à elle-même aucun accident propre, aucune perfection secondaire, on ne peut la regarder comme une forme ; elle joue plutôt, en cela, le rôle de matière car, à l’égard de ces dispositions, elle se comporte avec une sorte d’indifférence et d’une manière purement réceptive ; elle est exempte de toute espèce de détermination qui vienne de sa propre part ; aussi ne peut-on comprendre qu’elle subsiste en la nature des choses sinon par le rapport qu’elle a avec un autre principe ; ce principe est en elle comme une forme déterminante ; cette substance joue, de la sorte, le rôle de la matière qui ne se conçoit que par rapport à la forme, par analogie avec la forme. Tout cela, le Commentateur l’enseigne au traité susdit et au premier livre Du Ciel et du Monde. »
Après avoir très clairement exposé, au sujet du corps des cieux, une doctrine conforme à l’enseignement du Liber de substantia