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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VI.djvu/526

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LE REFLUX DE L’ARISTOTÉLISME

nuance de raillerie. Et cependant, l’œuvre qu il souhaitait d’accomplir n’est-elle pas, au fond, la même que cette Mathématique universelle à laquelle songeait Leibnitz, que cette Logistique dont certains de nos contemporains, et non des moindres, s’efforcent de poser les principes ?

L’Ars magna, generalis et ultima[1] qui, parmi les nombreuses œuvres de Raymond Lull, est une des plus considérables et, sans contredit, la plus connue, fut commencée à Lyon en 1305 et achevée à Pise, dans le monastère de Saint Dominique, en 1308[2].

Comme Loger Bacon, Raymond Lull aimait à revenir, à maintes reprises, sur les ouvrages qu’il avait déjà publiés, pour les compléter, les rédiger sous une forme nouvelle, les réunir les uns avec les autres. Aussi le traité dont nous venons de parler n’avait-il pas été fondu d’un seul jet et l’épithète d’ultima n’avait-elle pas été donnée sans raison à l’Ars magna. Dès les premières lignes, l’auteur prend soin de nous en avertir : « Nous avons écrit, dit-il[3], un grand nombre d’Artes générales ; aussi avons-nous voulu les exposer plus clairement an présent Ars generalis que nous nommons le dernier (ultima). Nous ne nous sommes pas proposé de faire un ouvrage différent des autres, mais seulement une compilation de ces autres Artes generales ; en outre, nous avons ajouté, d’une manière explicite, quelques sujets nouveaux. »

En effet, on possède[4] de Raymond Lull une Tabula generalis ad omnes scientias applicabilis qui fut commencée dans le port de Tunis, le 15 septembre 1292, et achevée à Naples le jour de l’Epiphanie de l’An 1293. A la fin de ses Articuli fidei qui sont, nous lavons dit, datés du 24 juin 1296, notre auteur déclare que les démonstrations données en cet ouvrage ont été découvertes « selon la méthode et l’art de la Tabula generalis » qu’il a publiée.

Les opuscules intitulés Ars generalis, Ars inventoria, Ars inveniendi veritatem, se multiplient sous la plume de notre auteur, avant de venir se fondre en l’Ars magna et ultima. C’est sans doute parmi ces écrits précurseurs de l’Ars magna qu’il faut ranger un traité assez étendu, où le plan de l’Ars magna se reconnaît déjà, et qui a pour titre Opusculum de auditu Kabbalistico[5]. À

1. Ars maÿw et ultima M. Ratmündi Lullii, Honat uni Actium et Sacr^ Theologiæ Profes&oris Qmpiissimi (Raymundi Lullii Optra^ éd, ciL, pp. 6t)3)>

2. Lucæ Waddingï iSc/’Zp/ûJVS ÛrtZïVHs Jfù/orazn, novissima ediiio* Romæf MCMVI ; p, i97.

3. Raymundi Lullii wat/na ; proæmium ; éd. cit. 3 p. 218.

4. L. Waddingi O/ ?, /ûud., éd» ch , p. 198.

5. üpuscutum M. Raymundi Lullii, de Audita Kabbalisticosiue ad omnes. seientias introductoriu/n ; éd. cil,, pp.

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