serait détruite ; partant, il en serait de même des mixtions particulières entre corps composés d’éléments, car de la destruction universelle résulte la destruction particulière.
» En effet, si, dans sa sphère, le feu n’était pas sec par lui-même et chaud par la terre [qui lui est mêlée], c’est par lui-même qu’il serait sec. Ainsi, l’air qui est humide par lui-même et chaud par le feu, serait chaud par lui-même. Ainsi encore, l’eau qui, en sa sphère, est froide par elle même et humide par l’air, serait humide par elle-même. Ainsi enfin, la terre qui, en sa sphère, est sèche par elle-même et froide par l’eau, serait froide par elle-même. D’une manière générale, donc, il y aurait deux qualités pour chacun des éléments ; il y aurait deux chaleurs, deux humidités, deux froids, deux sécheresses ; en d’autres termes, il y aurait deux essences ignées, deux essences aériennes, deux essences aqueuses, deux essences terrestres (duæ igneitates, duæ aeritates, duæ aqueilates, duæ terreitates)[1]. De même qu’il y aurait huit qualités, il y aurait huit éléments, ce qui est absurde…
» En outre, l’appétit naturel serait détruit, car il n’aurait plus d’objet : de même qu’un feu ne désire pas un autre feu, le feu ne désirerait plus la terre, puisqu’il serait sec de lui-même, et l’on en pourrait dire autant de chacun des éléments…
» Mais ici encore, l’intelligence est prise d’étonnement. Cette terre, qui est en bas, par quel moyen peut-elle monter jusqu’à la sphère du feu, alors qu’entre deux, il y a l’air, qui est contraire à la terre ? Comment le feu peut-il descendre ici-bas jusqu’à nous, alors que l’eau lui est contraire ?… C’est que le feu qui descend donne de la chaleur à l’air et ainsi, pour descendre, il s’accorde avec l’air ; de même, l’air, en donnant de l’humidité à l’eau, s’accorde avec elle en sa descente ; le feu descend ainsi jusqu’à l’eau par le moyen de l’humidité échauffée ; et l’eau, à son tour, descend jusqu’à 1a terre en lui donnant de son froid qui a été humidifié et réchauffé. La terre, à son tour, monte jusqu’au feu pour lui donner de sa sécheresse qui, [au cours de son ascension,] a été rafraîchie, humectée et échauffée. Et comme chacune des qualités ne quitte jamais [l’élément qui est] son sujet propre, en même temps que les qualités montent et descendent, les éléments, eux aussi, montent et descendent. De là résultent
- ↑ Nous trouvons ici une application de la règle posée dans la Kabbala au sujet de la dénomination des quiddités.