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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VI.djvu/630

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LE REFLUX DE L’ARISTOTÉLISME

Un auteur anonyme dont l’écrit va, d’abord, nous occuper, sera, pour nous, le type du fidèle disciple uniquement préoccupé de garder la parole du maître.

Nicolas d’Autrecourt sera le partisan fougueux qui compromet les thèses dont il soutient les conséquences les plus osées.

En Walter Burley, nous reconnaîtrons un adversaire décidé de Guillaume d’Ockam et de lOccamisme.

Enfin Jean Buridan réfutera le système de Nicolas d’Autrecourt ; il rejettera même bon nombre de propositions de Guillaume d’Ockam ; mais l’esprit de ce maître, tempéré par diverses influences et, particulièrement, par celle de Jean de Jandun, continuera d’inspirer, en maintes circonstances, les méditations philosophiques du Maître de Béthune ; de ces méditations sortira une doctrine sage, pondérée, ennemie des solutions extrêmes que l’on appellera la doctrine des Nominalistes parisiens et qui comptera, au nombre de ses adeptes, Albert de Saxe, Témon le fils du Juif, Nicole Oresme et Marsile d’Inghen.

Adressons-nous d’abord à cet auteur anonyme en qui nous allons rencontrer le disciple humble et ponctuel de Guillaume d’Ockam.

On trouve, à la Bibliothèque Nationale[1], un certain manuscrit qui provient de l’ancienne Bibliothèque de la Sorbonne. Au verso du feuillet de garde, on lit la mention suivante :

« Iste liber collegii de Sorbona ex legato magistri Henrici pistoris dicti de Lewis, magistri in theologia, canonici leodiensis, quondam socii dicte domus. »

Nous possédons un certain nombre de renseignements sur cet Henri Pistoris[2].

Le surnom qui lui était communément attribué nous apprend qu’il était originaire de Lewis en Brabant, petite ville du diocèse de Liège.

Le 27 septembre 1344, Henri de Lewis, déjà maître ès-arts et licencié en médecine, est nommé recteur de l’église paroissiale de Nedcrport, en son diocèse d’origine.

Ces fonctions, sans doute, n’exigeaient pas résidence, car Henri Pistoris continue d’appartenir à l’Université de Paris où il poursuit ses études de Théologie. Le 1er août 1346, « Henri de Lewis, du diocèse de Liège, bachelier en Théologie » figure sur un rôle[3]

  1. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms, no 16130 (olim, Sorbonne, ms. no 916).
  2. Denifle et Châtelain, Chartularium Universitatis Parisiensis. tomi II pars prior, p. 597, n. 13.
  3. Denifle et Châtelain, Op. laud., pièce no 1131, tomi II pars prior, p. 595.