ainsi, mais en vertu d’un empêchement qui n’est pas la raison même de l’infini, je dis que Dieu peut faire qu’un infini existe d’une manière actuelle. Mais si l’existence en acte répugne à l’infini en vertu de sa raison même, alors Dieu ne peut produire cette existence, pas plus qu’il ne saurait faire que l’homme ne fût pas un animal raisonnable. Quant à savoir si l’existence en acte répugne ou non à l’infini en vertu de sa raison même, c’est une discussion qui ne s’offre ici que d’une manière incidente ; aussi, pour le moment, je la remets à une autre circonstance. »
Il ne paraît pas que cette déclaration puisse être invoquée ni pour ni contre la possibilité de l’infini actuel.
Elle a suffi cependant, pour autoriser certains auteurs à se croire thomistes alors qu’ils admettaient formellement la possibilité de l’infini en acte.
De ce nombre a été le dominicain Grazadei d’Ascoli.
Prenons-en occasion de présenter à nos lecteurs ce philosophe peu connu dont nous aurons souvent à rappeler les opinions.
En 1484, on imprimait à Venise[1] des Questions sur la Physique d’Aristote, disputées à l’Université de Padoue par le frère prêcheur Grazadei d’Ascoli.
En 1503, on imprimait, une seconde fois, à Venise, ces Questions disputées ; mais on les faisait précéder[2] de Questions littérales sur le même ouvrage d’Aristote que Grazadei avait ultérieurement composées. Pour mieux marquer son respect à l’égard du Docteur Angélique, notre frère prêcheur avait voulu que ses leçons gardassent exactement l’ordre des leçons données par Thomas d’Aquin sur la Physique du Stagirite.
Le colophon de l’édition de 1503 nous dit que les Questions
- ↑ Gratia Dei Esculani, seu ab Esculo Quæstiones in libros Physicorum Aristotelis, in studio Patavino disputatæ. Colophon : Ad instantiam Antonii de regio. Anna incartationis christi. MCCCCLXXXIIII. pridie calendas Maïas. feliciter Venetiis impresse : ibidemque Ioanne Mocenigo principe illustrissimo régnante (Hain, Repertorium bibliographicum, no 7877. Brunet, Guide du libraire et de l’amateur de livres, 5e éd., 1861, T. II, col. 1713).
- ↑ Incipiunt preclarissime questiones litterales edite a fratre gratia deo esculano, sacri ordinis predicatorum super libros Aristo, de physico auditu : secundum ordinem lectionum Divi Thomæ Aquinatis. — Fol. 96, col. a : Incipiunt questiones frafris gratiadei de esculo excellentissimi sacre pagine doctoris predicatorum ordinis per ipsum in florentissimo studio patavino disputate feliciter. Colophon : Hic lector suavissime divina ope preclarissime questiones de physico auditu fraitris Gratiadei Esculani sacri ordinis fratrum predicatorum : finem accipiunt nuperque reperte : ac ex archetypo imprese : a Reverendoque in christo patre fratre Nicolao methonensi eiusdem ordinis maxima cum diligentia emendate : studio vero et impensa nobilis viri domini Alexandri Calcedonii civis Pisaurensis : arte vero et industria magistri Petri de quarengiis civis Bergomensis : Impresse : anno a nativitate domini Millesimo quingentesimo tertio Idibus Decembris : Venetijs Leonardo Lauretano principe.