principe essentiel auquel il fait allusion en plusieurs de ses écrits, témoin le passage suivant que nous relevons dans ses Questions sur les livres des Sentences[1] :
« Le mouvement local n’est ni un effet absolu nouveau, ni un effet relatif nouveau, et cela parce que nous nions la réalité de l’ubi. Ce mouvement consiste simplement en ceci que le mobile coexiste successivement avec des parties diverses de l’espace… » Cette doctrine s’affirme de nouveau, et avec une netteté encore plus grande, dans la dernière discussion quodlibétique qu’Ockam ait soutenue.
L’ubi, dit Ockam[2], est un rapport dont il est oiseux d’admettre l’existence. « Ce rapport, en effet, il n’y a pas lieu de le poser, si ce n’est en vue du mouvement local, parce qu’en tout mouvement local, quelque chose est acquis ou perdu. Mais dans ce but même, il n’y a pas nécessité de l’admettre. La sphère ultime se meut de mouvement local et, cependant, elle n’acquiert aucun ubi nouveau, car il n’y a pas de corps qui entoure la sphère ultime. Direz-vous que la sphère ultime a, à l’égard du centre, un rapport changeant, parce que la Terre demeure immobile au centre, en sorte que la sphère ultime se peut mouvoir autour d’elle ? Mais, au contraire, cela nous donne notre proposition, que le mouvement local peut exister sans l’acquisition d’un semblable ubi, car il est manifeste que le Ciel n’est pas dans le centre à la façon dont il serait dans un lieu, en sorte qu’il n’y a pas là un tel ubi. En outre, si le Ciel tout entier était en continuité avec ce qu’il contient et formait avec lui un seul et même corps, Dieu pourrait encore donner à ce corps un mouvement de rotation ; cependant, rien ne demeurerait plus en repos. Enfin si Dieu produisait un corps privé de tout lieu, il pourrait également mouvoir ce corps ; cependant, il n y aurait plus rien qui demeurât en repos et aucun ubi ne serait plus acquis…
» Un corps peut, par le seul mouvement local, être quelque part où il n’était pas auparavant sans aucune acquisition ni perte d’un rapport quel qu’il soit ; par cela seul qu’un corps se meut
- ↑ Tabule ad diversa hujus operis Magistri Guilhelmi de Ockam super quatuor libros sententiarum annotationes et ad centilogii theologici ejusdem conclusiones facile reperiendas apprime conducibiles. Colophon, à la fin des Questions sur les livres des Sentences ; Impressum est autem hoc opus Lugduni per M. Johannem Trechsel Alemannum : virum hujus artis solertissimum. Anno domini nostn MCCCCXCV. Die evera decima mensis novembris. In lib. II, quæst. XXVI : Utrum potentiæ sensitivæ differant ab ipsa anima sensitiva et inter se.
- ↑ Quodlibeta septem Venerabilis inceptoris fratris Guilhelmi de Ockam ; quodlibet. VII, quæst. XI.