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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VII.djvu/557

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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

giner une. Néanmoins, il faut, concevoir la qualité corporelle comme ayant une double corporéité ; elle en a une véritable, par l’effet de l’extension du sujet, extension qui a lieu suivant, toutes les dimensions ; mais elle en a aussi une autre, qui est seulement imaginée ; elle provient de l’intensité de la qualité, qualité qui se trouve répétée une infinité de fois par la multitude des surfaces que l’on peut tracer au sein du sujet. »

On préciserait sans doute la pensée d’Oresme beaucoup plus qu’il n’eût été en état de le faire, mais il semble qu’on ne la fausserait pas, en l’exprimant ainsi : Le sujet lui-même, et chacun des solides que l’on obtient en représentant la qualité superficielle de l’une des surfaces, en nombre infini, que l’on peut tracer au sein du sujet, sont autant de figures à trois dimensions tracées dans un même espace, purement idéal, à quatre dimensions.


II
Comment Nicole Oresme a établi la loi du mouvement uniformément varié


Non seulement Nicole Oresme a devancé Copernic en soutenant contre la Physique péripatéticienne la possibilité du mouvement diurne de la Terre ; non seulement il a précédé Descartes en faisant usage de représentations géométriques obtenues à l’aide de coordonnées rectangulaires à deux ou à trois dimensions, et en établissant l’équation de la ligne droite ; il a encore fait ou précisé une découverte que l’on attribue communément à Galilée ; il a reconnu la loi suivant laquelle croît, avec le temps, la longueur parcourue par un mobile qu’entraîne un mouvement uniformément varié ; c’est cette dernière partie de son œuvre qui va maintenant retenir notre attention.

La seconde partie du Tractatus de difformitate qualitatum a pour titre : De figuratione et potentiarum successivarum uniformitate et difformitate. C’est à l’étude des vitesses que cette partie du traité est spécialement consacrée.

Les principes de Cinématique dont Oresme se réclame ne diffèrent pas de ceux qu’AIbert de Saxe a posés en son Tractatus proportionum et en ses Quæstiones in libros de Cælo et Mundo, deux ouvrages qui, sûrement, furent à peu près contemporains