Aller au contenu

Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VIII.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
104
LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

Marsile reproduit, d’ailleurs, cette argumentation en ses Questions sur la Physique.

Ainsi les Maîtres séculiers de Paris, à qui la Dynamique moderne doit tant par ailleurs, ont été unanimes à méconnaître la pensée féconde de Saint Thomas d’Aquin, de Duns Scot et des Scotistes ; leur esprit, trop accoutumé à ne considérer que la résistance active qui est une force, n’a pu concevoir cette sorte de résistance passive qu’est une masse"

La théorie même empruntée par Ibn Bâdjâ à Philopon n’a trouvé quelque faveur qu’auprès de Buridan ; Albert de Saxe et Marsile d’Inghen l’ont formellement rejetée, comme l’avaient rejetée Jean de Jandun et Walter Burley.


VII

Tous les corps tombent-ils dans le vide avec la même vitesse ? — Les réponses données à cette question au Moyen-Âge


En affirmant que tous les corps tombent dans le vide avec la même vitesse, Leucippe, Démocrite et Épicure avaient formulé une sorte de prophétie. Cette vérité, qui avait contre elle la vraisemblance, ils l’avaient énoncée sans qu’aucune démonstration, sans qu’aucune expérience fût à leur disposition pour l’établir.

Dans la confiance que cette loi leur avait inspirée, les Atomistes demeurèrent isolés. A tous les autres, l’affirmation que tous les corps tombent dans le vide avec la même vitesse apparût plutôt comme une proposition inadmissible. Les Péripatéticiens en firent la conséquence absurde à laquelle ils s’efforcèrent d’acculer ceux qui croyaient à la possibilité du mouvement dans le vide ; les adversaires des Péripatéticiens, au contraire, s’ingénièrent à montrer que leur opinion ne les contraignait aucunement à recevoir cette invraisemblable conséquence. Ainsi avaient fait Aristote, d’une part, et Jean Philopon, d’autre part ; ainsi continuèrent de combattre les Maîtres de la Scolastique.

L’objection faite aux partisans du mouvement dans le vide