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LE MOUVEMENT DES PROJECTILES

lemment ; cet air divisé se referme à l’arrière du mobile et, en se refermant, pousse en avant le projectile ; simultanément, donc, il se produit une division d’une partie de l’air tandis qu’une autre partie se referme violemment. »

Par ce passage, nous voyons que Burley avait lu Gilles de Rome à qui l’on devait assurément l’exposé le plus clair et le plus complet de la théorie péripatéticienne du mouvement des projectiles.


IV
La réaction contre la Dynamique péripatéticienne.
Guillaume d’Ockam


Nous savons que Walter Burley avait du penchant pour les opinions que leur antiquité rendait vénérables ; il accueillait d’assez mauvaise grâce les innovations des modernes ; par ce nom de modernes, il désignait volontiers, d’ailleurs, Guillaume d’Ockam et ses disciples.

Or, au moment où Burley se faisait le défenseur de la Dynamique péripatéticienne, Guillaume d’Ockam venait, contre cette Dynamique, de mener l’attaque la plus vive ; et cette attaque était, en même temps, conduite à l’aide d’arguments si justes et si saisissants qu’il n’était plus guère possible à un homme de bon sens de répéter, au sujet du mouvement des projectiles, ce qu’en avait dit Aristote.

La Dynamique péripatéticienne était fondée sur ces axiomes : Un mobile inanimé ne peut être en mouvement s’il n’est, tant qu’il se meut, mû par un moteur extrinsèque.. — Quidquid movetur ab alio movetur. Si le moteur ne meut que parce qu’il est lui-même en mouvement, il ne peut mouvoir un mobile qu’en ayant avec lui un contact géométrique immédiat. — Oportet movens esse simul cum moto.

Ces axiomes obligeaient Aristote et ses disciples à chercher, en tout mouvement, le moteur extrinsèque et contigu au mobile qui le meut sans cesse.

Ces principes qui, dans toute la philosophie du Stagirite, jouent un rôle si important, Guillaume d’Ockam refuse pure-