Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VIII.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
260
LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

affaiblie qu’elle ne suffit plus à mouvoir la fève vers le haut ; elle suffit encore, cependant, à en empêcher la descente ; et alors il faut que le fève demeure, de soi, immobile ; plus tard, cette vertu s’affaiblit au point qu’elle ne peut plus empêcher la descente ; la vertu naturelle de la fève l’emporte alors sur celle-là, et la fève tombe. »

Ajoutons que Richard n’admet plus le repos absolu de la fève ou de la flèche au moment où elle frappe la lourde masse qui tombe ; à ce moment, elle demeure en repos par elle-même (per se) ; mais elle est. mue par accident du mouvement que lui communique l’énorme poids qu’elle a choqué.

L’union, accomplie par Richard dé Middleton, entre la théorie du mouvement des projectiles qu’avait donnée Hipparque et la supposition du repos intermédiaire qu’avait conçue Aristote aura, pour les progrès de la Dynamique, une très grande importance ; par l’intermédiaire de la doctrine de Yimpeto composé que formulera Léonard de Vinci, elle préparera l’explication du mouvement des projectiles qu’un jour développera Galilée ; mais que de méandres va décrire la pensée des mécaniciens avant d’aboutir à cette théorie du génial Pisan !


VI
L’explication de la chute accélérée des graves
par l’ébranlement de l’air, au début du xiv
e siècle


La théorie de Thémistius semble bien avoir été frappée à mort par les objections de Richard de Middleton ; les auteurs qui écrivent un peu avant l’an 1300 ou après cette date ne l’invoquent plus pour rendre compte de l’accélération que l’on observe en la chute des graves.

Gilles de Rome enseigne[1] que le mouvement naturel est plus

  1. Egidii Romani In libros de physico auditu Aristotelis commentaria accuratissime emendata : et in marginibus ornata quotationibus textuum et comentorum ac aliis quamplurimis annotationibus : Cum tabula questionum in fine. Ejusdem questio de gradibus formaram. Cum privilegio. Colophon : Preclarissimi summique philosophi Egidii Romani De gradibus formarum tractatus Venetiis impressus mandato et expensis Heredum Nobilis viri domini Octaviani Scoti civis Modoetiensis. per Bonetum Locatellum presbyterum. 12o kal. Octobr. 1502. Lib. VIII, lectio XXVI, comm. 76, fol. 189, col. c.