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LA CHUTE ACCÉLÉRÉE DES GRAVES

aurons lu les commentaires adjoints par Walter Burley à la pensée de Gilles de Rome.

C’est au milieu traversé par le grave que Jean de Jandun attribue l’accélération éprouvée par la chute de ce corps ; mais, en ses divers écrits, il fait jouer au milieu des rôles différents.

Lisons d’abord le commentaire au De Cælo[1] ; à la théorie de Thémistius, Jandun objecte diverses raisons ; il lui reproche, en particulier, de détruire l’un des arguments dirigés par Aristote contre la pluralité des mondes ; il termine par ces paroles : « Nous accordons que le mouvement naturel ëst plus rapide à ’la fin qu’au commencement et qu’un grave, libre de tout empêchement, se meut d’autant plus vite qu’il est plus proche de son lieu naturel. Mais on prétend que cela ne saurait être si la chute de ce poids ne tirait son principe d’une vertu du lieu ; cette proposition, nous la nions ; cela ne se produit pas parce que le poids est mû effectivement par la vertu du lieu, mais parce que la pierre qui approche du centre est suivie d’une plus grande quantité d’air qu’elle ne le serait en un autre lieu, et cet air donne à la pierre une plus forte impulsion ; voilà pourquoi cette pierre se meut alors plus rapidement. » Jean de Jandun, en ce passage, paraît attribuer l’accélération de la chute des graves à la quantité d’air qui surmonte le mobile ; et non pas à l’agitation de cet air. Nous l’allons voir préciser son opinion à ce sujet et la rapprocher de celle du Tractatus de ponderibus. C’est dans ses Questions sur la Physique, probablement postérieures aux Questions sur le traité du Ciel, que nous l’entendrons donner plus de précision à son explication de la chute accélérée des graves.

Au sujet du huitième livre des Physiques, Jean de Jandun examine cette question[2] : Un grave inanimé se meut-il de lui-même ? La discussion à laquelle il soumet cette question est une des plus développées que nous trouvions en l’œuvre de notre auteur ; elle a été aussi l’une des plus remarquées de la part des maîtres de la Scolastique, l’une de celles à propos desquelles, le nom de l’Averroïste parisien était le plus souvent cité.

1. Joannis de Janduno In libros Aristotelis de Cælo et Mundo Quæstiones subtilissimæ. Lib. IV, quæst. XIX : An grave inanimatum quoquomodo moveatur virtute existente in loco.

2. Joannis de Janduno Super octo libros Arisiotelis de physico auditu acutissirnæ quæstiones ; sup. lib. VIII quæst. XI : An grave inanimatum moveat seipsum.

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