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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

ver au ciel des grandeurs égales et des figures semblables à celles qu’il possède maintenant ; alors, la cavité de l’orbe de la Lune serait vide. »


L. Albert de Saxe et Marsile d’Inghen


En cette question de la possibilité du vide, Albert de Saxe et Marsile d’Inghen sont les fidèles échos de l’enseignement de Buridan.

Albert[1] n’admet pas que le vide puisse exister de la première manière : « Un volume (dimensio) séparé ne doit pas être admis, car on ne doit pas admettre qu’un accident puisse exister séparé de son sujet. » Notre auteur sous-entend, sans doute, la condition : Par voie naturelle, car les considérations suggérées par la transsubstantiation eucharistique avaient conduit les théologiens à admettre que Dieu peut séparer un accident de tout sujet ; Guillaume d’Ockam, par exemple, enseignait formellement cette proposition[2].

« De la seconde manière, le vide peut exister par pouvoir surnaturel, car Dieu pourrait anéantir tout ce qui existe entre les parois du ciel, cela fait, le ciel serait vide. » En ce cas, les parois qui enserrent ce vide seraient-elles distantes ou indistantes ? « Les parois du ciel ne seraient pas conjointes ; le ciel serait, comme à présent, un globe sphérique ; ses parois ne se toucheraient pas d’une manière immédiate ; cependant, entre elles, il ne demeurerait aucune distance…

Ainsi, d’une manière surnaturelle, il peut arriver que certains corps ne soient pas distants, et qu’ils ne soient pas non plus voisins et contigus. » Nous percevons ici un reflet de l’enseignement de Duns Scot.

En ses Questions sur la Physique, Marsile d’Inghen ne discute pas de la possibilité du vide ; il se contente d’examiner si un grave se mouvrait, dans le vide, d’un mouvement successif. Il aborde, au contraire, le problème de l’existence du vide en ses Abbreviationes libri Physicorum, Cet ouvtage est ici, comme d’ailleurs en presque toutes ses parties, un simple résumé des Questions sur la Physique de Jean Buridan.

1. Alberti de Saxonia Quæstiones in libros physicorum ; lib. IV, quæst. VIII.

2. Tractatus quamgloriosus de sacramento altaris Venerabilis Inceptoris Guilhelmi Ockam Anglici, Cap. XII.

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