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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

beaulté, laideur en très grant defformité ; pour honnesteté, deshonneur ; pour excellent et haulte gloire, vil et contemptible despit ; pour la deffence et garde d’Église et des biens et émolumens d’icelle, des poulies et rapines et direpcions sont venues…

» Quans moustiers voyons-nous jà cheoir ! Quantes églises en ruines ! Quant[es] jà du tout cheues et ramenées à l’égal de terre !…

» Hélas ! Comme a si grant misère de saincte Église nouvelle et merveilleuse ! Las ! Comme cy a si horrible scisme et monstrueux !… Ha ! Que honteux et infâme doit estre réputé le temps où telz choses aviengnent !… Las ! Que nous sommes nez en mauvais jours, qui sommes contrains à veoir tels choses mauvais ! »

Assurément, ce n’est pas sans graves raisons que l’Université de Paris poussait de tels cris de douleur.

Sa force provenait, en grande partie, des nombreux collèges que les divers ordres religieux entretenaient dans la Capitale ; chaque année, les règles de l’ordre obligeaient un certain nombre de jeunes profès à gagner le Studium generale soit pour y compléter leurs études, soit pour y prendre leurs grades en Théologie. Le Schisme et la guerre avaient ruiné bon nombre de ces collèges et dispersé les étudiants qu’ils abritaient jadis.

En 1387, le Chapitre général de l’Ordre Cistercien, réuni à Cîteaux[1], « voit avec douleur la désolation où se trouvent les Studia generalia de l’ordre et, surtout, le collège Saint-Bernard de Paris ; le nombre des étudiants y est fort petit, presque nul… La tourmente des guerres, les dangers qu’offrent les routes, les innombrables inconvénients de cette époque troublée qui, de nos jours, hélas ! frappent et écrasent le monde entier mettent obstacle aux saints projets des fils de notre obédience. » Et le chapitre, « les larmes aux yeux », tient pour excusés les abbés de l’ordre qui n’ont pu venir.

Les Prémontrés n’étaient guère moins éprouvés que les Cisterciens. Après avoir visité, au début du xve siècle, leur collège, sis rue des Cordeliers à Paris, l’Université adressait, au Chapitre général de l’ordre, des plaintes sur ce qu’elle avait constaté[2] : « Une partie des bâtiments était tombée à terre ; une autre menaçait ruine : le sol était couvert des débris des

  1. Denifle et Châtelain Chartularium Unwersitatis Parisiensis, pièce no 1.542, t. III, pp. 463-464.
  2. Léopold Delisle, Journal des Savants, mai 1899, p. 182.