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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

en-Grève fut chargé de réfuter la thèse qu’avait soutenue Jean Petit. Après un long et minutieux débat[1] auquel Gerson, soutenu surtout par plusieurs membres du Collège de Navarre, prit la part la plus active, l’Évêque de Paris condamna solennellement, le 23 février 1414, les propositions criminelles qu’avait soutenues le défenseur de Jean sans Peur ; le 25 février, le discours qui contenait ces propositions fut brûlé en place du parvis Notre-Dame ; le 16 mars, la condamnation royale vint se joindre à la condamnation épiscopale. Justice était faite ; mais le chancelier Jean Gerson, nombre de membres de l’Université, notamment ceux du Collège de Navarre, désormais tenus pour Armagnacs, étaient désignés à la haine des Bourguignons et marqués pour les futures représailles ; celles-ci. ne devaient point tarder.

« Le 20 Mai 1418, qui était le Dimanche après la fête du Saint Sacrement, à deux heures du matin, écrit le procureur de la Nation Allemande[2], Jean de Villiers seigneur de l’Isle-Adam, Guy d’Auxerre, ainsi que leurs amis et confédérés, qui étaient du parti du très illustre Seigneur le Duc de Bourgogne, entrèrent dans Paris et mirent la ville sous leur joug. Le Comte d’Armagnac, alors Connétable du Royaume, fut pris, ainsi que nombre de ses complices qui mettaient obstacle à la paix et troublaient la concorde entre les princes du sang. »

Maître Johannes Johannis, dit Reyneri, de Leyde était, à n’en pas douter, ardent Bourguignon. Comment ceux de son parti s’y prirent pour rétablir la paix et la concorde, il faudra bien, cependant, qu’il nous le dise.

« Le 12 Juin 1418, qui était un Dimanche, écrit-il[3], une sédition populaire s’éleva dans Paris ; les insurgés brisèrent les clôtures des prisons royales et se précipitèrent sur les captifs ; ainsi périrent plus de quinze cents hommes, dont Bernard, Comte d’Armagnac, Connétable de France, Henri de Marie, chancelier du Royaume, d’autres seigneurs, et deux évêques, ceux de Constance et de Senlis. Parmi les victimes, se trouvaient également plusieurs membres de l’Université de toutes les Facultés et de toutes les Nations, sauf de la Nation Allemande. » Celle-ci, sans doute, comme son procureur, était tout entière du parti bourguignon.

  1. Les pièces de ce débat se trouvent réunies dans : Denifle et Châtelain Chartularium Universitatis Parisiensis.
  2. Denifle et Châtelain Liber procuratorum…, t. II, col. 245.
  3. Op. laud., t. II, col. 246.