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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/164

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LES UNIVERSITÉS DE L’EMPIRE

terræ, tamen motus planetarum in Zodyaco non potest salvari ex motu terræ ; quia aliqui planetæ citius pertranseunt Zodyacum, sicut Luna quæ pertransit Zodyacum in uno mense ; alii auiem in uno anno sicut Sol ; et sic de aliis. »

L’exemplaire que nous avons consulté porte une foule d’annotations marginales tracées, vers la fin du xve siècle, par le premier propriétaire ; ce propriétaire, d’ailleurs, nous fait connaître ses initiales à la fin d’une table des matières très détaillée qu’il a écrite sur les premiers feuillets de garde ; nous lisons : « Tabula in lamberti de monte eximii doctoris super octo physicorum libros copulata : per fratrem M. E. predicatorum ordinis conventus [ ? ] finit feliciter, laus deo, Amen, »

En marge du passage que nous venons de citer, notre Dominicain en donne, en ces termes, le résumé : « Il dit que la diversité qui se trouve dans le Ciel provient du mouvement de la terre. Mais encore c’est impossible, car on ne peut, par là, sauver le mouvement qui se fait dans le Zodiaque, bien qu’on puisse sauver par là le mouvement des étoiles fixes. — Et dixit diversitatem que est in celo esse ex motu terre. Sedhoc iterum est impossibile quia per hoc non potest salvare motus qui est in zodyaco quamvis ex hoc posset salvari motus qui est in stellis fixis. »

Sous la plume de notre Frère prêcheur comme sous la plume de Lambert de Heerenberg, nous retrouvons le langage que François de Meyronnes, que Jean Buridan, qu’Albert de Saxe, que Georges de Bruxelles nous ont fait entendre. Contre l’hypothèse qui attribue à la terre une rotation diurne et maintient immobile le Ciel des étoiles fixes, les auteurs du Moyen-Age ne dressent guère qu’une objection : Cette supposition sauve seulement le mouvement diurne ; elle ne rend pas compte du mouvement des astres errants. Tous ces auteurs, et avec raison, ne trouvent qu’un médiocre avantage à la seule hypothèse de la rotation terrestre ; mais ils eussent accueilli volontiers, semblet-il, le système de Copernic, où la marche des astres errants était sauvée en même temps que la circulation des étoiles fixes.


D. Le vide et le mouvement dans le vide


« Le vide ne peut être admis, car, dans le vide, il ne saurait y avoir de mouvement. » C’est en ces termes que les Sententiæ uberiores commencent le chapitre qu’elles consacrent au vide[1].

  1. Sententiæ uberiores…, fol. sign. B, ro, et fol. précédent vo.