obtient d’être inscrit gratuitement sur le rôle, « vu qu’il était le seul régent » présent à Paris.
La cruauté des tenants de Jean sans Peur n’allait plus être seule, d’ailleurs, à dépeupler la capitale ; une effroyable épidémie allait frapper pêle-mêle Armagnacs et Bourguignons.
Le 25 Septembre 1418, le procureur de la Nation Anglaise note sur son registre[1] : « En ce temps-là, il y eut à Paris une très, grande mortalité ; on disait couramment qu’il mourait en moyenne cinq cents personnes par jour ; le nombre des morts en trois mois du un peu plus était évalué à soixante mille. »
Une chronique anonyme, citée par Monstrelet[2], dit que « durant l’épidémie parisienne », il mourut « près de quatre vingt mille personnes. » Le Journal d’un Bourgeois de Paris donne un nombre de décès encore plus fort ; il assure[3] « que entre la Nativité nostre-Dame (8 Sept.) et sa Concepcion (8 Déc.), avoient enterré de la ville de Paris plus de cent mille personnes. »
C’est sans doute à cette terrible mortalité que fait allusion une supplique, datée du 10 Nov. 1443, que l’hôpital de l’Hôtel-Dieu envoya au pape Eugène IV. Cette supplique parle[4] de la peste « qui avait accoutumé de désoler le pays presque tous les ans et qui, en une seule année et dans cet hôpital, avait causé la mort de trente mille personnes. »
Le 22 Octobre de cette lugubre année[5], la Faculté de Médecine écrit « que la Faculté était vide d’écoliers et de bacheliers ; que la multitude des malades obligeait les maîtres régents à se livrer entièrement à la pratique de leur art et qu’ils ne pouvaient exercer les actes de régence. » Dans toutes les Facultés et Nations, les leçons et les discussions ordinaires étaient délaissées ou remises. Le 27 Janvier 1419, la Nation Anglaise rappelle[6] que « la Faculté tout entière a décidé de suspendre les examens du baccalauréat. »
Plus de leçons, plus d’examens, partant plus de droits à percevoir ; l’Université est misérable. Le 6 Août 1418, le procureur de la Nation Anglaise écrit[7] que la Nation est dans
- ↑ Liber procuratorum…, t. II, col. 254.
- ↑ Monstrelet, Chronique, éd. Douet d’Arcq, Paris, 1858 ; VI, p. 265.
- ↑ Journal d’un Bourgeois de Paris, p. 116.
- ↑ Denifle, La désolation… Pièce 166, t. I, p. 61.
- ↑ Liber procuratorum…, t. II, col. 254, en note.
- ↑ Liber procuratorum…, t. II, col. 261.
- ↑ Liber procuratorum…, t. II, col. 248.