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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/20

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L’UNIVERSITÉ DE PARIS AU XVe SIÈCLE

la Nation Anglaise ; à ce moment, en effet, les Anglais détenaient prisonnier Jacques, roi d’Écosse, à qui ils ne rendirent point la liberté avant 1424 ; dès 1420, donc, il ne restait plus à l’Université de Paris qu’un seul maître écossais, Roger d’Édimbourg, qui mourut cette année même[1].

Veuve des tenants du Dauphin, l’Université put donner libre cours à ses sentiments pour le Roi d’Angleterre. Tandis qu’il assiège la Ville de Meaux, Henri V envoie une lettre à l’Université et, le 29 Décembre 1421, la Nation Anglaise[2] s’assemble pour écouter la lecture de la missive adressée « per serenissimum principem et victoriosissimum dominum Regem Angliæ, Hæredem et Regem Franciæ ». Bientôt, Henri, « Rex regens Franciæ », annonce à l’Université la chute de Meaux. Le 10 Mai 1422, la Nation Anglaise[3] en remercie Dieu, ordonne une procession d’actions de grâces et un salut solennel. Quant à FUniversité, elle fait célébrer[4], à la Sorbonne, une messe du Saint-Esprit a pour la santé du Roi, pour la prospérité de Monseigneur le Régent Roi d’Angleterre, du Duc de Bourgogne, de tous leurs gens d’armes et de toute leur armée ».

Cette Université de Paris, qui avait cessé d’être une université française, à beau s’humilier devant celui qu’elle nomme le Roi-régent, l’abaissement de son courage ne relève pas sa fortune ; la décadence de ses divers corps, mais, particulièrement, de la Nation Anglaise va se précipitant.

En 1422 et 1425, la Nation Anglaise[5] ne confère que deux baccalauréats ; en 1423, elle n’en confère qu’un seul[6].

En 1429, les « Arminaux », troupes qui combattaient pour Charles VII, battaient l’estrade autour de Paris ; dès le 21 Juin, les Parisiens gardaient, jour et nuit, les remparts. Le 11 Juillet, l’armée du Roi était à Troyes ; ses avant-gardes s’aventuraient jusqu’à Luzarches et Dompmartin. « Et ceulx de Paris[7] moult avoient grant paour, car nul seigneur n’y avoit. » Beaucoup fuyaient, et certains maîtres de la Nation Anglaise les imitaient, tel le procureur Jacques de Gouda, « car il lui semblait qu’il y eût péril pour lui à demeurer alors à Paris. » Le 26 Juillet,

  1. Liber procuratorum…, t. II, p. V.
  2. Liber procuratorum…, t. II, col. 285.
  3. Liber procuratorum…, t. II, col. 288.
  4. Loc. cit., en note.
  5. Loc. cit.
  6. Liber procuratorum…, t. II, p. V.
  7. Journal d’un Bourgeois de Paris, p. 242.