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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/201

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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

temps modernes, remarquablement cultivée par deux savants professeurs de Mathématiques, Georges de Peurbach et Jean de Kœnigsberg. »

De la fraîcheur de ses informations, une autre preuve se peut tirer de ses connaissances géographiques.

Tout d’abord, il se garde bien de déclarer, comme on le faisait habituelleilient, que la zone torride est inhabitable ; bien âu contraire, il s’efforce de montrer[1] que la chaleur y est assez tempérée pour que la vie de l’homme y soit possible.

Puis il écrit[2] : « Observez, en outre, que la terre, aussi bien vers l’Orient que vers le Midi, s’étend plus loin que la description donnée par Ptolémée ; aussi, les hommes qui habitent la— région orientale extrême ont-ils les pieds à l’opposé de ceux qui habitent l’extrême région occidentale ; oii les peut appeler Antipodes. Saint Augustin, au chapitre IX du XVIe livre de la Cité de Dieu, nie l’existence de tels hommes ; peut-être ne savait-on pas encore que la terre habitable eût une telle longueur. Mais, vers le Sud, la terre habitable, du moins celle que nous connaissons, ne s’étend pas assez loin pour porter des hommes qui seraient antipodes de ceux qui vivent plus au nord. »

Enfin, la description de l’Asie se termine par ces mots[3] : « Dans la mer Indienne, se trouvent l’ile célèbre de Taprobana et des pays qui sont situés presque à 40° au-delà du dernier méridien décrit par Ptolémée. — In pelago Indico Taprobana insignis insula, regiones sitæ ultra meridianum ultimum a Ptolomeo description ferme ad 40 gradus. »

Grégoire Reisch, c’est clair, a entendu parler des grandes découvertes géographiques toutes récentes encore.

Nous ne nous étonnerons pas de le voir souvent, en Physique, épouser le sentiment des modernes et, par sa Margarita, le mettre dans l’usage commun.


E. Josse d’Eisenach


Quand Grégoire Reisch, maître ès arts de Strasbourg, composait sa Margarita philosophica, le xvie siècle venait de commencer ; il était un peu plus avancé lorsqu’à Erfurt, Josse

1. Margarita philosophica, lib. VII, tract. I, cap. XLV ; éd. cit., fol. sign. Siij, vo, et fol. sign. S iij, ro.

2. Margarita philosophica, lib. VII, tract. I, cap. XLVIII ; éd. cit., fol. suivant le fol. sign. S iiij, vo.

3. Margarita Philosophica, lib. VII, « tract. I, cap. LI ; éd. cit., 3e fol. après le fol. sign. S iiij, ro.

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