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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/362

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L’ÉCOLE ASTRONOMIQUE DE VIENNE

vendus par les Turcs qui en avaient fait butin ; il voulait en constituer à Bude une bibliothèque que l’astronome helléniste lui semblait particulièrement capable d’ordonner. Une circonstance vint accroître, d’ailleurs, la faveur que trouvait celui-ci auprès du roi de Hongrie. Mathias étant tombé malade, Régiomontantis se servit de sa science astrologique pour diriger les médecins ; la guérison du roi fut mise par tout, et par lui-même, sur le compte des pronostics donnés par le disciple de Peurbach.

Le séjour de Jean Müller à la cour de Hongrie fut, pour lui, un temps de grande activité scientifique ; c’est à Mathias Corvin qu’il dédia ses Tables du premier mobile ; d’autres écrits sont dédiés à des prélats hongrois.

Toutefois, notre astronome, désireux d’un séjour plus paisible que Bude, vint, en 1471, habiter Nuremberg. Là, il trouva protection auprès d’un riche bourgeois, Bernard Walther ; ce lui fut occasion de développer son activité dans un domaine nouveau.

Parmi les savants, il avait été des premiers à deviner quels trésors réservait, à ceux qui les sauraient lire, l’étude directe des géomètres et des astronomes grecs ; il fut aussi des premiers à comprendre quel secours l’art tout nouvellement inventé par Gutenberg allait apporter à la diffusion des livres. Régiomontanus s’empressa donc de faire imprimer soit ses propres écrits, soit des traités astronomiques composés par autrui[1]. La piété envers son maître voulut qu’il commençât par les Theoricæ novæ planetarum.

En 1473, il fit paraître un catalogue des livres qui devaient être imprimés à Nuremberg sous sa direction[2]. Ce catalogue ne comprenait pas seulement ceux de ses propres ouvrages que la presse n’avait pas encore reproduits ; on y trouvait encore une longue liste de traités[3] de Ptolémée, de Théon d’Alexandrie, d’Euclide, d’Hypsiclès, de Proclus, de Julius Firmicus, d’Archimède, de Ménélas, de Théodose, d’Apollonius, de Serenus, de Héron, d’Hygin et d’Aristote. À côté de ces auteurs, dont les œuvres représentaient tout ce qu’on connaissait alors de la

  1. On en trouvera la liste et la description très détaillée dans : Alexander Ziegler, Regiomontanus (Joh. Müller aus Königsberg in Franken, ein geistiger Vorläufer des Columbus. Dresden, 1874. pp. 25-37. — Cet ouvrage est rempli de renseignements sur les notices dont Regiomontanus a été l’objet, sur la biographie des personnages avec qu’il a été en rapport, etc.
  2. Alexander Ziegler, Op. laud., pp. 33-34.
  3. Cette liste est reproduite dans : Gassendi Op. laud., éd, cit., pp. 362-363.