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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/55

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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

« C’est une question douteuse de savoir si, sous le Zodiaque, le Firmament se meut d’un mouvement propre.

» Ce fut l’opinion de Ptolémée qu’il se meut, sous le Zodiaque, d’un degré en cent ans, achevant ainsi son cours en trente-six mille ans. Il imagine, en effet, dans le neuvième ciel, un Zodiaque semblable à celui qui est dans le Firmament, et c’est sous ce Zodiaque là que, dit-il, le firmament se meut de mouvement propre. Est-ce vrai ? Il y a lieu d’en douter, dit Saint Bonaventure en la quatorzième distinction du second livre des Sentences, et le Docteur Subtil en la XIVe distinction du quatrième livre. Ils citent, à ce sujet, le raisonnement par lequel un certain philosophe prouvait que le ciel étoilé ne se meut point constamment ainsi d’Occident en Orient ; il arriverait, en effet, que l’étoile autrefois située au principe du Capricorne du neuvième Ciel serait un jour au principe du Cancer de ce même Ciel.

» Le Firmament se meut aussi, selon ce qu’admettent certains astronomes, d’un autre mouvement, qui se fait sur les premiers points du Bélier et de la Balance ; sur ces points, il se meut d’un degré en quatre-vingts ans ; ce mouvement se nomme mouvement d’accès et de recès.

» On attribue donc ainsi au Firmament un triple mouvement. Un premier mouvement lui appartient en vertu de sa propre nature ; c’est celui par lequel, autour des pôles ou de l’axe du Zodiaque, il se meut d’un degré en cent ans. Le second mouvement, c’est le mouvement d’accès et de recès ; de ce mouvement, il est mû par le neuvième ciel dont c’est, dit-on, le mouvement propre. Enfin, le troisième mouvement, c’est le mouvement diurne ; par ce mouvement, il suit le mouvement du dixième ciel dont c’est, dit-on, le mouvement propre. »

On voit que Nicolas n’ignore pas comment les astronomes ont figuré les mouvements admis par les Tables Alphonsines ; seulement, tandis que ces astronomes attribuaient en général le mouvement d’accès et de recès au ciel étoilé et le mouvement de continuelle précession à la neuvième sphère, il intervertit cet ordre, ce qui, d’ailleurs, ne change rien au mouvement résultant. Albert de Saxe, avant lui, peut-être par simple inadvertance, avait disposé de même le mouvement d’accès et de recès et le mouvement de précession[1].

  1. Alberti de Saxonia Questiones in libros de Cœlo et Mundo, quœst. VII.