d’une théorie de Physique ; Buridan, d’ailleurs, paraît agir par l’intermédiaire de son disciple Albert de Saxe, dont le texte transparaît souvent sous les formules de Jean Hennon. Résumons le plus brièvement qu’il nous sera possible l’enseignement que ce maître donnait sur les principaux problèmes de la Cosmologie.
Le vide est-il possible ?
Que la puissance surnaturelle de Dieu soit capable de produire un espace vide, notre auteur n’en doute pas ; à l’appui de son opinion, il invoque une argumentation qui était, depuis longtemps, classique à Paris.
« Que. le vide existe, dit-il[1], cela n’implique pas contradiction… En effet, il n’y a pas contradiction à ce que la surface d’un corps concave subsiste sans qu’elle ait cependant aucun rapport à un autre corps contenu par elle. Donc, etc. » En outre, les éléments sont corruptibles en chacune de leurs parties ; et comme, en eux, le tout est de même nature qu’une partie, il ne paraît pas y avoir contradiction à ce que la totalité des éléments puisse être détruite, tout au moins par le pouvoir divin. Cela fait, entre les parois de l’orbe de la Lune, il y aurait le vide. »
Cet argument, notre auteur le reprend à l’aide d’un postulat dont Ockam faisait un constant usage.
Si deux choses abstraites, dit-il[2], sont essentiellement distinctes, et si une de ces deux choses ne dépend pas essentiellement de l’autre, Dieu peut séparer ces deux choses et les conserver séparément l’une de l’autre ; il peut aussi détruire l’une d’elles tout en laissant subsister l’autre. Mais le Ciel est essentiellement distinct des choses sublunaires, et il ne dépend pas essentiellement de ces choses ; Dieu peut donc, en anéantissant ce que contient l’orbe de la Lune [et en conservant le Ciel] faire que le vide soit. »