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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/70

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L’UNIVERSITÉ DE PARIS AU XVe SIÈCLE

acquis par lui. Cet impetus est une qualité appartenant à la seconde espèce de qualités ; la forme substantielle du mobile l’engendre par l’intermédiaire du mouvement ; il se détruit par l’absence de ce qui l’a engendré, c’est-à-dire du mouvement, de même que, dans un milieu, la lumière se détruit par l’affaiblissement ou l’absence du corps lumineux. — Et ideo dicunt quod causa majoris velocitatis in motu naturali circa finem est impetus acquisitus in ipso mobili, ita quod grave suo motu petit gravitatem accidentalem que juvat gravitatem essentialem naturalem ad movendum grave velocius, et similiter de levitate. Nam secundum quod ipsum corpus naturaliter movetur diutius, secundum hoc sibi acquiritur major impetus et continue velocius movetur, nisi impediatur per ma]orem resistentiam quam sit impetus sibi acquisitus. Est autem talis impetus quedam qualitas de 2a specie qualitatis que generatur a forma substantiali mobilis mediante motu, et corrumpitur per absentiam generantis, scilicet ipsius motus, sicut lumen corrumpitur in medio per absentiam et remissionem corporis luminosi. »

Depuis Jean Buridan, aucun maître parisien, pas même Nicole Oresme, pas même Albert de Saxe n’avait formulé avec une pareille netteté cette pensée qui tenait en germe la Dynamique future.

Fidèle continuateur de l’École parisienne du xive siècle, Hennon n’en garde pas seulement les idées justes ; il en admet, par exemple, la doctrine touchant le repos qui sépare la montée d’un projectile lancé en l’air et la chute de ce même projectile.

« Lorsqu’un mobile, dit-il[1], se meut dans quelque direction, puis, par suite du défaut de la force motrice, revient à son point de départ, il se repose nécessairement au point où le mouvement se réfléchit ; là, il y a un repos intermédiaire, bien qu’on n’en ait pas une suffisante perception. À cette proposition, on fait cette objection : Comment donc ce grave qui se trouve en l’air et que rien ne retient ne tombe-t-il pas de suite ? Il faut nier que cet argument soit concluant. Au point où le mouvement se réfléchit, le grave est empêché de se mouvoir de suite vers le bas, et cela par la vertu imprimée au projectile ; cette veetu ne suffit plus à continuer le mouvement du grave vers le haut ; elle suffit cependant à le soutenir et à l’empêcher de tomber immédiatement »

  1. Joannis Hennon Physicorum lib. VIII, quæst. III, 2a difficultas, dictum 4m ; ms. cit., fol. 143, col. c.