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ANTONIA


Blasphématrice, tu le suis ;
Tu fuis ;
Alors c’en est fait, je suis
Le sacrifié de tes mépris.

Tiens ! voilà mon sang !
Frappe ! voilà mon flanc !

Prends ma chair,
Souffle à ma face ton souffle délétère !

Tue !
Au carnage le sort t’a dévolue.
 
Ouvre cette poitrine,
Fouilles-y de tes lèvres assassines !

Mon cœur y bat ;
Voilà
L’hostie dont tu te nourriras !

Toi qui me renias !
Toi que rien n’apitoya !
Toi qui me crucifias !…
… Toi que mon âme déifia !…
… Antonia !Ce nom évoque par l’omnipotente
rime, l’acteur doit le crier à
toute voix, en le modulant
longuement, dans le paroxysme de
la passion et le plus fulgurant
retour d’adoration, les yeux au
ciel, sans plus rien voir autour
de lui, avec un éclat formidable.



Viens ! reviens !
Les temps anciens
Sont tout et ne sont rien.