Page:Dujardin - Antonia, 1899.djvu/143

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Gemmea

Et l’autre, qui suit lentement et seul,
Cet homme au front tout blanc, est-ce l’aïeul ?


Siderea

Ils viennent… déjà
J’entends leurs pas… Ô reine, les voilà.


Les trois Voyageurs entrent.


La Courtisane

Soyez les bienvenus,
Voyageurs qui venez de bords inconnus
Ici, ô voyageurs, c’est l’île
Où chacun a toujours trouvé asile ;
Vous êtes abordés,
Ô voyageurs des longues mers de la vie harassés,
Sur un rocher perdu parmi les flots
Que ne connaissent que par vagues ouï-dire les matelots ;
Ici, c’est l’île qu’un sort obscur
A jetée en plein milieu des océans impurs,
Pour que les humains passagers
Fassent halte avant de retourner aux flots où tant ont naufragé.
Hommes, je suis la reine
De l’île où vient de s’arrêter votre carène.
Mon île est la ténébreuse grève
Que vos yeux n’ont jamais entrevue qu’en rêve :