Page:Dujardin - Antonia, 1899.djvu/167

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La nuit,
La nuit s’en va ;
L’orient brille ; la nuit s’en va ;
C’est le jour qui renaît,
Le jour où toute apparence mensongère disparaît,
Où toute vérité se reconnaît…
Et voici que s’est troublée mon âme,
Et voici que je ne reconnais plus cette femme…
La nuit, la nuit est achevée ;
Torches de la nuit, c’est assez brûler ;
Torches nocturnes,
Vos étincelles agonisent comme un vol d’esprits taciturnes ;
Torches de la nuit, flambeaux d’amour,
Éteignez-vous ! éteignez-vous ! voici le jour…
Et toi,
Si c’est toi,
Si c’est encore toi,
Si c’est toujours toi,
À la clarté du soleil qui se lève, viens, viens, que je te voie !

Oui, je reconnais ces yeux,
Ces yeux…
Mais pourquoi dans ces yeux,
Maintenant que grandit la blancheur du matin,
Passe-t-il des reflets qu’alors je n’apercevais point ?

Oui, oui, je connais ce visage…
Mais en ce visage
Ce n’est plus, non, ce n’est plus la même image.