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LA FIN D’ANTONIA

Chimère ! folie ! sacrilège !
Femme, c’est démence, le rêve où tu te plais ;
La vie ne meurt jamais ;
Rien, rien, rien, rien
Ne périt dans la nuit éphémère qui un instant nous tient,
Et la vie immortelle sans finir revient.
Femme,
Je suis l’homme qui te veut pour femme,
Et mon âme
N’entend rien de plus
Si ce n’est que tu m’es échue.
Loin, les songes !
Loin, ces mensonges !
Je suis le fils des hommes, le héros, le roi.
N’essaie plus de me fuir, femme, tu vas être à moi.

Elle pousse un cri.

Il l’a saisie par les poignets ; vaincue et prise, elle tombe sur les genoux ; et, triomphalement,


Lui

Je t’ai vue
Et je t’ai voulue…
Je suis celui
Qui traversa les sommets de la montagne et de la nuit.
Je suis
Celui que la nature
A fait pour qu’en ce soir tu sois sa créature.