Page:Dujardin - De Stéphane Mallarmé au prophète Ezéchiel, 1919.djvu/11

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Dédicace


À Stéphane Mallarmé,

La suprême intelligence avec la suprême bonté, Le plus noble enseignement.

Nul regard ne fut levé plus haut ;

Nulle mai, ne fut plus bienveillamment tendue.

Maître, vous avez été, certes, le maître de nos jeunes esprits, mais vous avez été le maître de nos âmes.

Votre œuvre fut votre vie, votre parole et votre exemple, et ces douces et enjouées causeries où vous vous complaisiez.

J’ai voulu dire une fois ceci : que nul ne traversa votre maison, sans en sortir autrement que meilleur, avec un peu plus de désintéressement au cœur, un peu plus d’idéal aux yeux.

Comme vous découvriez en nos jeunesses le moindre grain de bon grain ! et comme vous saviez le faire fructifier !

J’ai voulu dire encore ceci : plusieurs d’entre nous ont cru parfois, au fond d’eux-mêmes, que s’ils ont conservé, à travers les affres de la vie, quelque amour des choses héroïques, ils vous le doivent.

Comme nous vous écoutions !

Comme nous vous vénérions !

Comme nous nous comprenons, quand entre nous, à demi-voix, nous parlons de vous !

Pourquoi êtes-vous parti si tôt, grand saint, divin ami ? quelle vieillesse nous vous aurions faite !

Ô maître, permettez à celui qui vous aima plus qu’un père, d’offrir à votre bienheureuse mémoire une dédicace que, j’en suis sur, votre souriante indulgence eût agréée.