ciel clair, moins clair déjà, encore brille ; entre les masses des arbres vogue la voiture ; et se dresse hautement la grise apparence du cocher vieux au dos courbé ; Léa au près de moi demeure ; la pointe de ses bottines transperce ses robes ; et voici que sa voix s’entend.
— « Pourvu que Marie n’oublie pas le feu. »
— « Vous avez froid, Léa. »
— « Un peu. »
— « Serrez-vous contre moi. »
Légèrement elle se serre contre moi, et elle sourit, penchant la tête.
— « Bien » dis-je ; « ainsi vous vous réchaufferez. »
— « D’un côté, oui ».
— « Alors approchez-vous plus. »
— « Voulez-vous être tranquille ! »
Doucement elle me gronde ; nous sommes dehors ; faut de la tenue ; oui, des gens nous regardent ; quel est ce monsieur élégant qui vient à l’encontre de nous, les yeux sur nous ? pourquoi ce monsieur nous regarde-t-il ? il continue ; c’est ennuyeux enfin ; il passe au près de la voiture ; voyons s’il se tourne ; non, il ne se tourne pas ; que nous voulait-il ? est-ce que Léa l’a vu ? elle n’en a pas fait semblant ; voilà un monsieur qui connaît Léa ; je suis sûr qu’il est vexé ; il m’envie, le bonhomme ; dame, tout le monde ne se promène pas en voiture à minuit avec Léa d’Arsay ; le voit-on encore, ce monsieur ? oui, là-bas ; il marche ; ah, il se tourne, il se tourne ; va, mon ami, tu peux attendre sous l’orme.
— « Voici la place Blanche, Léa ; nous serons bientôt chez vous. »
Claquement de fouet dans l’air ; la voiture roule sur les pavés sonorement.
— « Voyez donc, Léa ; on dirait qu’on démolit cette maison. »
— « Qu’est-ce que cette maison ? un café ? »