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VIII

LA-BAS


Le connais-tu ? c’est un pays lointain,
Si lointain qu’à travers le surhumain
Hors le temps et l’espace
Il s’efface,
Au delà de l’hier et du demain,
En deçà de toute place.

Le connais-tu, le beau pays de méditation,
La Sion
Éperdue
Que le cœur institue,
Le royaume de suggestion
Où l’âme erre nue ?

Il suffit, il suffit,
Pour vivre au pays infini,
Que tu me baises, ô maîtresse,
Qu’en ton âme ma caresse
Éveille un écho ami,
Et que nous enlacions notre double tristesse,