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III


 
Ainsi s’en va vers des amours nouvelles
Celle à qui notre passé s’était donné ;
Oiseau fugace ! fantôme ! rayon envolé !
Ses ailes
S’éparpillent en de nouveaux azurs
Et son front
Se baigne au plus profond
Des oublis les plus sûrs.
Un autre elle aimera,
Un autre elle trompera,
Vers un autre elle partira.
Lui, cependant, il aimera son âme.
Elle sera sa femme,
Comme je l’eus pour femme
Et comme j’eus son âme…
Et qui sait seulement si ma voix douloureuse qui clame,
Ô fugitive, te fera jamais te souvenir
Que tu m’aimas et que ton âme
A pu, jadis, un jour, m’appartenir ?