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HOMMAGE A MALLARMÉ


(SOUVENIR DU VOILIER DE VALVINS)


Dans la barque, au ras des eaux, qui s’assoupit,
La voile large tendue parmi l’espace et blanche,
Tandis que le jour décroît, que le soir penche,
Le bon nocher vogue sur le fleuve indéfini.

A pleine voile, aussi, le soir, l’idée luit,
Au-dessus de la vie et du tourbillon et de l’avalanche,
Blanche en un encadrement de sombres branches,
Là-bas à l’horizon vague de l’esprit.

Maître,
Sur la rive d’où je vois votre voile apparaître.
Et dans mon âme que réconforte la clarté,

Je regarde et j’adore
Le rayonnement argenté
Qui dans le crépuscule semble une aurore.