Page:Dujardin - Poésies, 1913.djvu/188

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II



Te souvient-il, ô belle,
Que nous eûmes tous deux
Des rêves bleus,
Et que de semblables ailes
Hors du cours
Des ordinaires jours
Portèrent nos pensées jumelles ?

As-tu gardé la souvenance
Des matins vermeils
Et des soleils
Qui rirent à nos espérances,
Des soirs attiédis
Où flottèrent nos pas unis
Dans la cadence d’invisibles danses ?

Côte à côte
Et pas à pas
Et ton bras appuyé à mon bras,
Qu’il fut doux, en gravissant la côte,
De cheminer si fraternellement !
Si amoureusement
Dans ton cœur mon cœur était ton hôte !