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— Sois tranquille, je saurai les faire vivre, tu les retrouveras beaux et fiers de toi.

Elles crurent toutes reconnaître une voie amie. Elles sourirent en même temps, car Sylvia, devenue Madame Bertol, les saluait, l’œil sec. À peine étaient-elles assises tant bien que mal, qu’un voile blanc et une silhouette trépidante se présentèrent à la portière.

— Personne n’a soif !… Tenez… le 47 ! là-bas, voilà une pomme pour le voyage…

C’était Gilette Destange qui, dès la première heure, avait aidé au service du ravitaillement des gares. Son entrain la rendait précieuse dans ce rôle fatigant, car ses répliques et sa gaieté avaient souvent chassé l’inévitable « cafard » du troupier.

— Tiens ! vous ? Quel bonheur ! comme c’est triste, hein ? Je vous l’avais dit. Mars monte au Zénith ! quel malheur ! Pourvu que les Belges retiennent les Boches jusqu’à la réapparition de Vénus !

— Toujours la même foi dans les astres ? C’est magnifique dit Mme B. de l’Écluse, un peu protectrice, mais en souriant. Que faites-vous à l’U.F.F.

— Vous le voyez, je fais ce que font les fourmis noires dans les fourmilières appauvries. J’excite les guerriers rouges, et je les accompagne dans leurs cercles stratégiques.

— Avez-vous quelqu’un là-bas ?

— Oui, deux fils ! ce qui prouve que l’astrologie