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sortie ; et il faut avoir voyagé à cette période de l’invasion pour en connaître le désordre et le vacarme.

— Je vais vous accompagner à l’école qu’on transforme en hôpital. Il faut que vous m’y fassiez admettre au besoin, comme balayeur ; ce ne sera pas pour longtemps, nous avançons, nous avançons ! Dans huit jours Paris sera pris.

Ces derniers mots furent prononcés entre les dents, tandis qu’à droite et à gauche, la Marseillaise, le Chant du Départ et l’air de Sambre-et-Meuse montaient de la foule transpirante et énervée.

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Le flot rouge déferlait depuis 24 heures sur toute cette partie de la France. Des cacolets, des autos, des fourgons déposaient avec de très rudimentaires précautions les blessés dans les pseudo-hôpitaux, qui s’ouvraient au petit bonheur. L’école laïque Rhœa fut emmenée regorgeait de moribonds et manquait de l’organisation la plus élémentaire. Une vaste pièce claire, qu’on n’avait pas eu le temps de nettoyer, servait de salle d’opération à deux médecins, l’un civil, l’autre militaire. Tour à tour, ils se relayaient, donnant le chloroforme ou coupant la chair vive tandis que des infirmiers improvisés, (plus experts en menuiserie ou en terrassement qu’en hygiène) exécutaient déplorablement les