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Un torrent de grossièretés déferla.

— Tais-toi… Tais-toi ou gare à toi, dit enfin, la vieille menaçante.

— Me taire, tu vas voir si je vais me gêner pour lui flanquer une raclée ; et quant à l’autre, celui qui l’a… suffit ! je vais lui brosser le poil.

Tiennette voyant le vieux redressé en un sursaut d’énergie se plaça devant la porte.

— Naturellement… Il te faut battre quelqu’un et tu commences par la petite, parce que c’est une femme… c’est plus facile que de s’en prendre au coupable.

— Le coupable !… qu’on me le montre, le coupable !… Et puis, ça m’est égal, je vais en abattre un, n’importe lequel.

Ivre de colère, le vieillard se dirigeait vers la sortie.

— Reste ici ! commanda Tiennette en s’accrochant à lui.

Elle eut facilement raison de cette flambée d’énergie, et quand elle eut jeté son homme sur un escabeau, elle soulagea son cœur des récriminations chères à toutes les femmes du peuple.

— C’est pas maintenant que t’es le plus faible qu’il faut crier. Fallait pas les laisser venir… Fallait gagner la guerre !…

— On la voulait pas, nous autres !

— Fallait la vouloir, puisqu’ils la voulaient eux !

— On voit bien que c’est pas les garces qui