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avait paraît-il une dame de la Croix rouge qui s’appelle Madame Rhœa. Il est sûr qu’elle est infirmière puisqu’il l’a rencontrée, en costume.

— Où cela ?

— Je ne sais pas ; mais il l’a vue rejoignant son poste. Son nom revenait souvent sur ses lèvres.

— N’a-t-il pas dit qu’elle avait été sage-femme ?

— Je crois que oui. En tous cas il m’avait fait promettre de remettre à cette dame une photographie qu’il regardait souvent. Ce pauvre garçon devait avoir le pressentiment de sa destinée ; l’avant-veille de sa mort il m’a remis cette image, toute jaunie ; elle date de 1893. Vous le voyez, c’est celle d’un bébé qui sourit. Par derrière il a écrit quelques mots.

Sylvia prit le carton, le retourna et lut :

— « Ce qu’il faut regretter c’est qu’il ne puisse me venger ! »

— Eh bien ! il faut envoyer ceci à son adresse !

— Je l’ai perdue. Le bruit du canon, les angoisses, la douleur m’ont enlevé la mémoire et j’ai égaré la lettre qu’il avait jointe à ce souvenir.

— Je connais bien une Rhœa, elle habitait 120, rue Notre Dame de Lorette.

— C’est cela à Paris n’est-ce pas ? c’est elle, c’est elle, quel bonheur !

— Pourquoi dites-vous quel bonheur ?

— Songez, Madame, je vais sûrement avoir une amie en elle.