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l’enfant du viol la même grâce qu’aux élus de l’amour — devons-nous la faire supporter à l’Agneau des Camps.

— Le souvenir de la brute ne vous humilie pas ?

— Je n’y songe pas plus qu’un tailleur de diamants ne se préoccupe de la gangue qui enserre les pierres précieuses.

D’autres femmes vont arriver bientôt les bras chargés de Campagneaux et de campagnelles qu’elles auront peur d’apporter au foyer, qu’il soit conjugal ou paternel, eh bien ! il faut les accueillir !

— Vous voulez, madame, que les maris admettent ces progénitures d’ennemis ?

— Hélas ! les maris et les pères n’ont pas le droit de protester. En nous laissant faibles et désarmées devant les forces victorieuses, ils ont perdu tout droit à la révolte. Cette humiliation de leur orgueil est reconnue par les Arabes, qui avouent que la femme est au plus fort. Les Français l’ont aussi pensé, quand, — aux heures glorieuses de notre histoire, — ils allumaient l’étincelle de la force qui nous déborde aujourd’hui.

— Ce n’est pas la même chose ! les grognards du premier empire…

— Tout vainqueur se persuade qu’il plaît aux femmes des vaincus : c’est l’interprétation masculine de la Victoire, mais elle n’est vraie pour aucun