Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/75

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attitude de disciples fervents. Leurs yeux mendiaient un regard, et leurs lèvres entr’ouvertes en une muette approbation semblaient se retenir de crier leur enthousiasme. Des figures géométriques — résolvant le problème théosophique de la leçon du jour — étaient tracées sur un tableau noir ; et, dans un coin, s’étalait le cadran astrologique d’un horoscope proposé. Le maître, gauchement installé dans un fauteuil, semblait un peu gêné de l’admiration ambiante, et parlait sans accent, bien qu’il se fît passer pour un prophète Indou. Sa voix était douce et prenante. Son corps d’homme — petit et mal proportionné — s’abritait dans une redingote et un pantalon sans élégance. Même, ô suprême faute de goût, il allongeait sans pudeur deux pieds rustiquement chaussés de deux bottines tellement basses que de ridicules chaussettes appelaient le sourire de l’observateur. La tête était d’une laideur asiatique. Il avait coupé ras ses cheveux noirs, drus et rudes et sa moustache inégale tombait sur une bouche large. Des dents claires, deux yeux foncés et autoritaires ; enfin, une peau de métis assez dorée complétait le visage du brahmane. À l’entrée du docteur Horn, il esquissa un salut dont le geste forma un sept, et l’arrivant répondit par le même mouvement. Rhœa fut tout oreilles.

— La science de Brahma, disait le professeur, veut le Progrès de l’humanité. Mais avant d’être des initiés, il vous faut apprendre la signification des