Page:Dulac - La Houille rouge.pdf/91

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vous pas remaqué : « Il n’y a plus d’enfants ! »

— Tiens, c’est vrai !

— Ma chère, toute forme d’art se rapporte à un état d’âme de l’humanité ; le délire ou le réalisme des pinceaux traduit l’inquiétude du for intérieur national.

— Comprends pas !

— Le doute religieux qui a pénétré toutes les couches sociales a figé vos aspirations. Vous attendez quelque chose. Quoi ? Vous ne le savez pas, mais vous espérez un prodige qui tarde à se produire.

— Ce prodige pourrait être une catastrophe.

— Pour vous, mais pour d’autres, ce sera le Prodige. En attendant, vous immobilisez des fleurs sur vos tentures dans la sentimentale attitude des fleurettes desséchées et flétries entre deux feuillets. De temps en temps, on mêle la femme à la flore hiératique, mais quelle femme !… laissez-moi rire !

— C’est possible, on abuse un peu de la Vierge.

— Oh ! on peut en abuser, car cette vierge n’est ni folle, ni sage ; une vierge qu’aucun Esprit Saint ne rendra mère, parce qu’elle n’a de la femme que le profil. Voyez ces seins ? Ils sont tellement méditatifs qu’ils sont rentrés en eux-mêmes pour n’en jamais sortir ; et le reste du corps se perd dans un fouillis.

— Chaque époque eut son type de Vierge.