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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

voilà, c’est Fréron, le tableau est parlant, cet homme est détesté depuis qu’il a voulu déprimer nos meilleurs auteurs. — Un fréron, une bête peut-elle attaquer les auteurs ? — Précisément, c’est à cause qu’il est bête. — Monsieur, expliquons-nous ! Ce fréron est un animal de la basse-cour… — Oui, justement, c’est sa place. — Monsieur, entendons-nous ! Un fréron peut-il écrire ? — Cela ne fait rien, il barbouille. — Je crois que vous ne me concevez point. — Pourquoi, mademoiselle ? Ne parlez-vous point de Fréron ? — Oui ; vous voyez que j’entends à qui vous en voulez ? — De grâce, dites-moi à quel usage sert un fréron ? Le nôtre porte du bois, sert au fermier. — Vous y êtes ? » Voyant que ce monsieur ne m’entendait pas, j’appelai Ariste qui, instruit de notre début, se mit à rire et dit à ces messieurs : « Mademoiselle, voyant l’âne du fermier, me demanda le nom de cet animal ; celui de Fréron me vint dans l’idée, je crus ces deux noms synonymes, je lui dis que l’âne était un fréron ; voilà ce qui a fait l’équivoque. » Les jeunes gens crièrent : « Bon le lapin, bon le lapin, l’animal de la basse-cour est un âne ; celui de la rue de Seine est un âne ; ainsi, mademoiselle, il n’y a point d’équivoque, vous avez jugé comme les Muses et comme Apollon, du satyre Marsias. »

Un troisième me parla de chapeaux plats, de l’abbé Trublet et de l’Opéra-comique ; il termina sa conversation par m’assurer qu’il donnait des leçons à son perruquier et que le crêpé était enfin passé au