Page:Dulaurens - Imirce, ou la Fille de la nature, 1922.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

deux heures, me parlèrent de l’avantage d’épouser mon maître de danse, et me quittèrent fort mécontents de n’avoir pu réussir.

Deux heures après le départ de ces capuchons, mon maître de danse, M. Ambroise, Mme Tirefort et Jacquette leur fille entrèrent chez moi. Excédée de ces physionomies accablantes, je payai mon maître, et le priai de sortir à l’instant de chez moi. « Comment, le révérend père provincial, me dit Mme Tirefort, n’a rien gagné sur vous ? mon cousin germain le frère Luc ne vous a point touchée pour Jacques ? voilà le premier affront qu’on a fait à des gens comme nous, qui payons le monde… grâces au Ciel, nous pouvons aller la tête levée dans tout Lille. — Allez, Madame, aller lever la tête dans la rue, vous m’anéantissez. » Cette femme se mit en colère, me lâcha mille sottises. « Voici là une petite merde-en-cul qui fait la renchérie ; c’était justement pour elle qu’un maître à danser comme notre fils était fait… ça contrefait la Madame, c’est peut-être une garce… — S’il vous plaît, lui dis-je, ne m’insultez pas chez moi. — Ne v’la-t-il point un quelque chose de rare, ne l’insultez pas !… un chien regarde bien un Évêque assis sur son cul ». Sa fille se mit de la partie. « Venez voir ! criait-elle ; ne semble-t-il pas que le père des filles soit mort ! mon frère est un sot de s’amouracher de cette mijaurée, ne v’la-t-il pas une belle Mme  de Bran ? cela est fier comme une lettre de change d’un sol ; et elle serait trop honorée d’entrer dans notre