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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

précéder ta lettre ; c’était le lendemain que je devais la recevoir, et tu étais déjà arrivée ; tu sors subitement de ta voiture et, malgré la richesse de tes habits, tu te précipites dans mes bras, tu répands des larmes, ce sont celles de ton cœur, mes lèvres reconnaissantes les recueillent sur tes belles joues ; je te serre tendrement : c’est Zéphyre et la félicité que je fixais pour toujours dans mes bras.

Tu entres avec joie dans ma cabane obscure ; sa pauvreté ne refroidit pas tes transports, tu ne cherchais que mon cœur. La simplicité qui te frappe sous ce toit rustique est celle d’une âme qui est à toi : tu vois ma garde-robe étalée sur un bâton, une méchante paire de souliers, des chausses délabrées, deux chemises, une vieille perruque, qui, dans ses jours naissants, n’a jamais bien été qu’à l’air de mes souliers : quelques livres, une plume mal taillée, des bribes de papier, voilà les richesses de ton amant, mais il a ton cœur.

Nous soupons : ô Dieux ! c’est avec Zéphyre que je soupe ; nous élevons nos mains pures au Ciel ; il nous écoute toujours, puisqu’il nous a réunis ; du pain, des fruits, voilà les noces que ton amant t’apprête ; je t’embrasse, nous nous promettons une tendresse éternelle. Le Dieu de la Nature bénit nos saints nœuds. Je te conduis vers une couche que la candeur habitera désormais avec toi ; deux pieds de bois la soutiennent, un sac rempli de feuilles sèches est le trône tranquille de nos plaisirs ; ta tête repose