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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

seront toujours à jouir de la délectation de tourner avec l’activité de la roue éternelle : figure-toi une belle girandole d’artifice ou un soleil tournant en feu chinois brillant, dans un vuide immense ; autour de lui des millions de petits soleils tournants en feu commun, qui tournent avec la rapidité du grand ; avoue que cela doit être joli, surtout dans le vuide. Cela vaut cent fois mieux que ta Fatime sur des nuages avec son jupon court, ton Ali sur son âne, ton Achmenes sur son grand cheval, ton Geduc avec sa bête et que tous tes boiteux, tes bossus, tes estropiés et tes onze mille Olla qui ne tourneront point. »

La tête commençait à me tourner avec celle de mon grand-père ; ses roues, je crois, l’avaient ébréchée. Peu curieux de savoir l’avenir et surtout de tourner ou d’avoir les bras croisés en paradis, je demandai au père Xan-Xung d’où sortait ma famille, quels avaient été nos premiers aïeux.

« La roue éternelle ou le Tien, me dit-il, existe de toute éternité ; chaque vibration de cette roue est un monde créé et des millions de petites roues qui vont habiter différents mondes répandus dans l’immensité du vide pour faire du plein. Plusieurs de ces roues, comme je te l’ai dit, viennent animer ces petites cruches fragiles, qu’on appelle au bureau de l’encyclopédie, hommes, au bout du pont Notre-Dame, Sa Grandeur, à Rome, Son Éminence, dans l’Abbaye de Sainte-Geneviève, mon Révérend Père, dans le port au bled, mon ami, chez la Mon-