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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

« Le P. Nicaise de la Villette-aux-Ânes, retournant le soir en son couvent, trouva l’enfant sur la porte, le prit dans ses bras. Le petit Caraccioli s’accrocha à la barbe du révérend père, et lui fit de très innocentes caresses. Le moine, touché des gentillesses de l’enfant, le porta à son gardien, qui le donna à une sœur du tiers-ordre pour l’éduquer.

« Le petit Caraccioli, avec les secours qui mènent les capucins au savoir, devint un prodige du tiers-ordre de Saint-François. À huit ans, ce profond enfant savait son Benedicite comme un président de Toulouse, faisait le signe de la croix mieux que Mgr le Stathouder dans la Haye, et récitait plus élégamment son chapelet que M. de Voltaire.

« L’habileté des capucins développa les grands talents qui devaient rendre notre cousin illustre à son siècle. Pour s’attacher plus utilement aux belles-lettres, il méprisa, dit-il, les francs-maçons et l’amour. Le fils du dieu Mars est un aventurier que le hasard seul fait raisonner, il préférait l’amitié qui parlait à celle qui savait obliger ; en conséquence, il aimait mieux les paroles que les louis : cependant les derniers lui auraient été plus utiles à Rome, où, pour distraire son appétit, il allait lire les épitaphes et compter les cheminées du palais Farnèse. Il dédaignait l’amitié des philosophes, il assurait que ce sentiment n’était chez eux, qu’une impulsion machinale du cœur, qui se porte vers une goutte de sang. Il annonçait que son cœur, ses poumons, son derrière et ses ongles