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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

raison humaine ; elle nous fait un tort si considérable, qu’elle mérite votre indignation : que les brouillards épais des préjugés tombent sur vous ; ne vous lassez point d’écrire avec votre plume mal taillée contre les gens raisonnables, la perte du fanatisme et de la superstition. Donné à Rome, le treizième jour des calendes de saint Mathurin, dans le palais des Pêcheurs, plus beau que celui de Pierre et de Paul. »

« Ce bref acheva de tourner la tête à notre parent ; il écrivit, il compila, et mit l’alarme dans tous les poulaillers dévots. Le mauvais succès de ses ouvrages le dégoûta du métier d’écrivain griffonnier, il se mit espion des zélés de l’État. »

Dix heures sonnèrent à la Samaritaine, mon grand-père se tut. Manette, ennuyée d’une conversation où elle n’entendait rien, s’était couchée ; j’allai la trouver au lit, elle bouda un peu. « Votre grand-père, me dit-elle, est bien impertinent pour un vieux seigneur ; les morts sont aussi durs que les pères et mères ; j’aime mieux les vivants, on ne fait rien avec les trépassés. » Je compris ce que voulait Manette. C’est un talent bien doux et bien agréable dans une fille, que la conception.

Je quittai Manette, je louai un quartier dans la rue Montmartre, où je trouvai trois pièces, un cabinet et une chambre au-dessus du cabinet. Quelques jours après, je fis la connaissance d’une jolie fille, elle sortait du couvent de la Varennes. La Verman-