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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

dans les momies et dans les grands-pères. Je formai le dessein de passer à la Mecque, province de l’Arabie heureuse où les momies et les vieilles gens sont adorés. Les Mecquains, aussi purs dans leur culte que les Égyptiens, conservent précieusement d’anciennes momies de bonzes et de derviches.

Au culte des momies, la Mecque entretient encore une sainte chaleur pour les frocs et les chapelets musulmans : pour suivre le bon goût mecquain, je fis habiller la momie en bonze. Aussitôt que ma femme eut donné le plaisir et le déplaisir à mon grand-père, il se regarda ; surpris de se voir vêtu ridiculement, il me dit : « Es-tu fou ? allons-nous courir le bal ? vas-tu me montrer à la foire Saint-Germain ? — Mon papa, nous sommes sans fortune ; dans un siècle de fer et d’argent comme le nôtre, ce dernier métal est dangereux à gagner et s’envole aisément ; pour le fixer dans nos mains, nous allons à la Mecque ; en route, nous vous ferons voir dans les principales villes de cette province oisive et sacrée, où nous vous ferons passer pour un bonze, sous le nom du merveilleux Dressant, martyrisé à Londres sous le premier pape d’Angleterre Henri VIII, de sainte mémoire. J’ai déjà arrangé une histoire où, mentant comme le jésuite Maimbourg, je raconte qu’un Milord usé par les services rendus aux miladys et aux petites filles de Covent-garden, devint l’amant d’Anne de Boleyn : ce courtisan ne pouvant satisfaire aux désirs de la reine,