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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

Sans autre défense, elle laissa prendre un baiser à son amant, accompagné de plusieurs autres.

Une plus forte preuve qu’une fille puisse donner en Angleterre de sa tendresse, c’est de se chauffer à la chemisette avec son amant et de manger la rôtie. Voici comme se font ces deux cérémonies. Pour se chauffer à la chemisette, la fille tourne sur le devant une des ouvertures de son jupon pour en former une espèce de foyer dont la chemise est le fond ; alors à la réverbération de sa chaufferette, elle échauffe comme au bain-marie, les mains de son amoureux. On prétend à Londres, que cela se passe toujours en tout bien tout honneur.

La cérémonie de la rôtie est peu différente. La fille arrange deux tranches de pain beurré sur les charbons de sa chaufferette et pour mieux conserver la chaleur, elle met la chaufferette et le ragoût sous ses jupons. Le beurre qui fond et le pain qui grille ne gâtent pas son linge, la fumée trouve une cheminée pour s’échapper ; c’est-à-dire elle passe facilement sous les jupes, où les plis laissent toujours quelques ouvertures. Cette beurrée est fort appétissante, quand elle est ainsi rôtie entre deux feux.

L’heureux Dressant, favorisé de la rôtie et des menues faveurs de la bergère, vit bientôt couronner sa flamme par un mariage secret. Le lendemain de la noce, Milady Crincrin alla de bonne heure chez les jeunes époux, questionna sa fille sur les aventures de la nuit : « Kitty, dit-elle, êtes-vous con-

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