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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

par cœur de la mémoire, quand je l’avons bian retenu. J’ons l’envie de nous marier avec la corporance d’un garçon, qui n’est pas de paille : c’est un faraut en manière de luron, qui vaudrait son pesant de fin argent, s’il ne l’aviont pas trop court. Je vous dirons sur la confession, comme à un confesseur, que pour éprouver comme il ferait les affaires du ménage, je l’ons laissé aller un petit au fromage pour l’apprivoiser dans l’accoutumance : il avons été trois jours tout fin près sans attraper la jointure du Sacrement de mariage. Cela nous désolions pis que du mauvais temps, quand je séchons notre linge. Pendant que Guillot voulait nous besogner, je lui disions en manière de gouailles : Guillot, ne te blesseras-tu pas ? tu ne gagneras pas la purésie… tu n’en viendras pas à bout. Ne t’embarrasse point, me dit-il, je parlerons au Chirurgien, je ferons couper cet engin en deux ; et pour le rallonger, je ferons mettre le morceau coupé au bout de l’autre ; ils feront tenir cela proprement, peur que ça tombe, avec une emplâtre. Je voyons bien, Monsieur, que Guillot n’a point de conception dans l’esprit ni ailleurs ; car en le coupant et le rajustant au bout, cela reviendront toujours au même. En portant une chemise sale que j’avions blanchi à un Monsieur qui n’en a que deux, à cause qu’il faisiont des livres, j’entendions qu’il parlait dans la conversation, et disait à un autre qui était avec lui, que vous étiez le curé d’un Aoulia, qui dressoit autre chose itou que du linge. Je demandîmes votre adresse, et je