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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

point pardonné au scélérat qui attenta à ses jours ? — Tu me surprends, qu’as-tu donc fait ? — Vous le dirai-je, de la maculature ; j’ai dit que le Pape était trop riche pour être l’imitateur du pauvre Jésus ; que c’était le temps qui faisait la pluie ; que sainte Geneviève ne s’en embarrassait pas plus que l’Alcoran ; qu’il était honteux de laisser les moines dans la fainéantise ; que les théologiens occupés à se quereller et à brouiller l’univers, devaient aller à la charrue ; que les Capucins me faisaient peur ; que leur camisole n’était point honnête ; qu’une bonne action était préférable à l’eau bénite ou à l’eau claire ; qu’il ne fallait pas laisser les dîmes aux abbayes et aux chapitres ; qu’il était détestable de voir un pauvre curé à portion congrue réduit à trois cents livres de revenus, tandis que des moines paresseux et des chanoines oisifs retirent dix mille francs des dîmes de la cure ; que si l’Église voulait conserver du bien, il fallait qu’elle renonçât aux dîmes ; qu’elle ne pouvait en conscience prendre de deux mains… j’ai dit que les vieux auteurs n’avaient pas l’esprit ni les talents de ceux d’aujourd’hui ; les bergers anciens faisaient des contes ; que ces contes ne pouvaient passer pour des vérités ; qu’il était impossible et ridicule de me forcer à les croire ; qu’un Souverain est injuste de punir un homme à cause qu’il ne peut croire ; que ma tête n’est point organisée pour croire certaine chose, et que je n’ai jamais rien cru de ce que ma raison trouvait incompréhensible. Voilà, madame, les